26 décembre 2005
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Du peintre Noël Pasquier on connaît les caractéristiques, les caractéristiques techniques du talent, c’est-à-dire le trait et la couleur. Mais, en plus, il en possède aussi la typologie affective, le sentiment, la sentimentalité, et la grande énergie vitale de l’émotion. C’est ce qui donne à son oeuvre, d’ailleurs, une diversité fondamentale, essentielle, et je dirais vitaliste.
Parlons du trait chez Pasquier : l’élément de l’écriture, le support essentiel, fondamental et primaire de l’image. Son trait s’apparente à une notion de base, qui est celle de la structure gestuelle.
Le trait ? Je n’aime pas tellement employer ce terme chez Pasquier parce que, dans le fond, son intervention graphique - la modalité même de son écriture - survient dans un état d’esprit, un état d’âme si je puis dire, totalement différent de celui d’une écriture picturale classique, du dessinateur classique.
L’affirmation de l’écriture, chez cet artiste, est véritablement un phénomène de gestualité libre et structurelle. Toute son oeuvre se• détermine à partir de cette liberté gestuelle qui s’exerce tous azimuts; et cette diversité en reflète précisément l’immense variété et la gamme extrêmement étendue de possibilités formelles.
Le geste, chez Pasquier, est arrachage, il est aussi frottage, comme dans la série d’empreintes dynamiques de goudron sur une feuille de plastique qui définit bien cette vitesse de la présence de la main sur la superficie de la feuille.
Dans des oeuvres qui apparaissent plus compliquées, ce que l’on pourrait appeler des toiles plus “construites”, cette gestualité primaire et fondamentale se retrouve dans la stratification horizontale des surfaces de couleurs, qui se présente comme par une juxtaposition d’horizons différents à l’intérieur du même espace pictural.
Autre élément de cette gestualité structurelle toute une série d’oeuvres de Pasquier apparaissent comme de véritables disséminations d’éléments modulaires. Pour employer ou avoir recours à une métaphore un peu plus facile ou vernaculaire, si les oeuvres de stratifications horizontales s’apparentent au geste du maçon, on peut dire que les oeuvres disséminées s’apparentent au geste du semeur.
La gestualité libre qui est la caractéristique de l’informel parisien ou de l’action-painting américaine des années 50, Pasquier la projette dans son contexte pictural et dans les oeuvres qui offrent une superficie plus construite et plus chargée ; cette gestualité libre s’exerce justement comme un phénomène d’action, c’est-à-dire dans le sens de la dé-construction et de la déstructuration des volumes.
L’oeuvre de Pasquier illustre cette vitalité poétique du geste pictural qui est l’équivalent en peinture de l’écriture automatique des surréalistes en littérature.
Je ne veux pas dire par là que Noël Pasquier se réfère à l’imagination des surréalistes son imagination est beaucoup plus primaire et fondamentale ; elle est essentielle, elle se réfère aux éléments naturels - à la mer, au ciel, à l’eau, de la Bretagne en particulier - mais aussi à la vitalité de la terre, et à sa puissance d’action, aux rêveries de l’immensité comme aux rêveries de la volonté.
Et c’est certainement à travers ce panorama affectif et sentimental que se définit la gamme chromatique de l’artiste.
Il y a deux grandes zones de sensibilité chromatique chez Pasquier l’une, c’est le bleu sentimental, le bleu de la liberté dans l’espace libre, le bleu de la mer, le bleu de l’infini dans la lumière, et l’autre, c’est évidemment une référence beaucoup plus tectonienne, ce sont les couleurs de la terre, les ocres, les orangés, les noirs, qui figurent tangiblement l’idée de l’enracinement de l’élan vital, dans la forme créée (“les forges de Vulcain” par exemple) ou la grande métaphore de la poésie dans la volonté de l’acte créateur.
La sculpture de Pasquier s’inscrit dans la logique intérieure et le prolongement direct de sa gestualité picturale. Ses sculptures, qui utilisent des matériaux très divers, de la pierre à la mosaïque et au métal, se présentent donc comme de véritables volumes gravés, aux éléments assemblés et structurés.
En fait, les sculptures et les installations de Pasquier sont comme des gestes, ou des assemblages de gestes, à trois dimensions. Et c’est justement cette importance structurelle et fondamentale de la gestualité que l’on retrouve dans les oeuvres d’art public de cet artiste.
La monumentalité chez Pasquier est d’origine et d’essence gestuelle. Dans sa grande sculpture intitulée “Le Roi des poissons” à Sanary, qui est faite de pierre et de mosaïque, la structure même du poisson et des éléments qui interviennent se présente comme la fixation d’un geste dans l’élan du poisson, et elle a le charme d’un gigantesque santon de Provence.
C’est cette espèce d’arrêt du temps sur une position dynamique qui crée la monumentalité interne des oeuvres d’art public de Pasquier et nous restons toujours dans la suite logique de la structure opérationnelle de son langage.
D’autres exemples de cet art se réfèrent finalement toujours à la même gestualité je pense à ses “Totems” de Bagneux, qui sont un ensemble de colonnes cylindriques en acier émaillé et qui, par leur placement, leur enfilade, leur positionnement répétitif, créent une véritable animation à la fois physique et visuelle.
Dans un autre exemple d’art public, “la Cigale” de Saint Maximin, qui est placée à la branche nord de l’autoroute de la Côte d’Azur, le problème paraît un peu différent : il s’agit d’un insecte géant qui semble être traité au maximum de son réalisme descriptif. En fait, les volumes sont dynamisés par une structure linéaire qui les entoure les élytres filiformes, censés être animés au souffle du vent et émettre le fameux chant des cigales. Là encore, nous restons dans l’optique de la gestualité de l’écriture de l’artiste.
Cette écriture du geste libre explique l’aisance et la variété des matériaux employés par Pasquier. Dans le domaine bi dimentionnel, il a recours à la toile, au papier, au plastique, au textile, à l’émail, avec toujours cette espèce de facilité dans l’exécution et dans la sensation du message qui est certainement due à un énorme pouvoir de vitalité.
La sculpture elle aussi, fondamentalement diverse dans ses matériaux, reflète encore une fois l’idée de volumes gravés dans l’optique de l’écriture gestuelle, et là, Pasquier a recours à l’ardoise, au marbre, à la mosaïque, au laiton, au bronze, à toutes les variétés de métal.
Nous avons donc, dans son oeuvre, comme le panorama d’une démarche expressive liée à l’intensité vitale du geste physique, ce geste qui ne se codifie pas en une calligraphie, mais s’exprime de façon impulsive et expansive.
L’écriture de Pasquier est naturellement et spontanément structurelle. C’est ce qui explique combien ses formes peintes se traduisent avec une très grande intensité dans le textile ou la tapisserie. Au lieu de perdre de leur force vitale dans la transposition textile, très souvent ses images sont impliquées par la substance même du matériau et en traduisent toutes les possibilités physiques.
Je pense que l’exposition de No Pasquier à la Monnaie de Paris rend de façon précise, indiscutable, je voudrais presque dire systématique, cet élément fondamental de diversification, de diversité, de variété, de changement, dans l’activité poétique du peintre. Ce changement, cette diversité dans les supports, traduisent un grand amour de la vie.
Et dans le fond, la vie, Pasquier l’aime, l’aime comme une référence primordiale et essentielle qui motive et qui justifie l’ampleur de son élan créateur.
Le geste de Pasquier, c’est la signature de son amour de la vie.
a system based on the alliance/opposition between the sacred and the profane, clarity and mystery, the flesh and the spirit… He comes within it with modern means: there is no need to be an expert to recognise in his work in particular the legacy of lyrical abstraction and abstract landscaping. But Noël Pasquier never was and doubtless never will be a purely abstract painter: even the monumental compositions he excels in, and the ornamental aim of which is clearly assumed, are deep-rooted in reality: above all in that of the shores of Finistère he likes to pace ever since his childhood.
Brittany is his land of origin. His first exhibition took place in Brest in 1965. He regularly goes back there to collect the visions and the creations that nourish his creation. However, Noël Pasquier is not a regionalist painter: a land, an ocean, a culture, a people of the European far west certainly determine his inspiration, but his painting seems to attain very easily the universality of the world
of art.
The artist himself says he enjoyed and struggled drawing and having more than 200 tapestries made, of which some were displayed all over the world. He is not afraid of the monumental and the new technologies either. He painted a whole area of Suresnes (4000 sq.m) on his own, including the roof of a monumental covered street. His signature is engraved on a huge marble mural in the Tour Montparnasse, on two of the very big sculptures planted along the motorways in the French Riviera and in the new TGV train station of Rennes. “I think that the artist of today must be as excited by traditional materials than by modern technology, such as the multimedia and interactive terminals”, he says. Indeed, because it comes within universality, Noël Pasquier’s work has the power to talk to everyone. Now, it is up to us to see it and hear it.
Parlons du trait chez Pasquier : l’élément de l’écriture, le support essentiel, fondamental et primaire de l’image. Son trait s’apparente à une notion de base, qui est celle de la structure gestuelle.
Le trait ? Je n’aime pas tellement employer ce terme chez Pasquier parce que, dans le fond, son intervention graphique - la modalité même de son écriture - survient dans un état d’esprit, un état d’âme si je puis dire, totalement différent de celui d’une écriture picturale classique, du dessinateur classique.
L’affirmation de l’écriture, chez cet artiste, est véritablement un phénomène de gestualité libre et structurelle. Toute son oeuvre se• détermine à partir de cette liberté gestuelle qui s’exerce tous azimuts; et cette diversité en reflète précisément l’immense variété et la gamme extrêmement étendue de possibilités formelles.
Le geste, chez Pasquier, est arrachage, il est aussi frottage, comme dans la série d’empreintes dynamiques de goudron sur une feuille de plastique qui définit bien cette vitesse de la présence de la main sur la superficie de la feuille.
Dans des oeuvres qui apparaissent plus compliquées, ce que l’on pourrait appeler des toiles plus “construites”, cette gestualité primaire et fondamentale se retrouve dans la stratification horizontale des surfaces de couleurs, qui se présente comme par une juxtaposition d’horizons différents à l’intérieur du même espace pictural.
Autre élément de cette gestualité structurelle toute une série d’oeuvres de Pasquier apparaissent comme de véritables disséminations d’éléments modulaires. Pour employer ou avoir recours à une métaphore un peu plus facile ou vernaculaire, si les oeuvres de stratifications horizontales s’apparentent au geste du maçon, on peut dire que les oeuvres disséminées s’apparentent au geste du semeur.
La gestualité libre qui est la caractéristique de l’informel parisien ou de l’action-painting américaine des années 50, Pasquier la projette dans son contexte pictural et dans les oeuvres qui offrent une superficie plus construite et plus chargée ; cette gestualité libre s’exerce justement comme un phénomène d’action, c’est-à-dire dans le sens de la dé-construction et de la déstructuration des volumes.
L’oeuvre de Pasquier illustre cette vitalité poétique du geste pictural qui est l’équivalent en peinture de l’écriture automatique des surréalistes en littérature.
Je ne veux pas dire par là que Noël Pasquier se réfère à l’imagination des surréalistes son imagination est beaucoup plus primaire et fondamentale ; elle est essentielle, elle se réfère aux éléments naturels - à la mer, au ciel, à l’eau, de la Bretagne en particulier - mais aussi à la vitalité de la terre, et à sa puissance d’action, aux rêveries de l’immensité comme aux rêveries de la volonté.
Et c’est certainement à travers ce panorama affectif et sentimental que se définit la gamme chromatique de l’artiste.
Il y a deux grandes zones de sensibilité chromatique chez Pasquier l’une, c’est le bleu sentimental, le bleu de la liberté dans l’espace libre, le bleu de la mer, le bleu de l’infini dans la lumière, et l’autre, c’est évidemment une référence beaucoup plus tectonienne, ce sont les couleurs de la terre, les ocres, les orangés, les noirs, qui figurent tangiblement l’idée de l’enracinement de l’élan vital, dans la forme créée (“les forges de Vulcain” par exemple) ou la grande métaphore de la poésie dans la volonté de l’acte créateur.
La sculpture de Pasquier s’inscrit dans la logique intérieure et le prolongement direct de sa gestualité picturale. Ses sculptures, qui utilisent des matériaux très divers, de la pierre à la mosaïque et au métal, se présentent donc comme de véritables volumes gravés, aux éléments assemblés et structurés.
En fait, les sculptures et les installations de Pasquier sont comme des gestes, ou des assemblages de gestes, à trois dimensions. Et c’est justement cette importance structurelle et fondamentale de la gestualité que l’on retrouve dans les oeuvres d’art public de cet artiste.
La monumentalité chez Pasquier est d’origine et d’essence gestuelle. Dans sa grande sculpture intitulée “Le Roi des poissons” à Sanary, qui est faite de pierre et de mosaïque, la structure même du poisson et des éléments qui interviennent se présente comme la fixation d’un geste dans l’élan du poisson, et elle a le charme d’un gigantesque santon de Provence.
C’est cette espèce d’arrêt du temps sur une position dynamique qui crée la monumentalité interne des oeuvres d’art public de Pasquier et nous restons toujours dans la suite logique de la structure opérationnelle de son langage.
D’autres exemples de cet art se réfèrent finalement toujours à la même gestualité je pense à ses “Totems” de Bagneux, qui sont un ensemble de colonnes cylindriques en acier émaillé et qui, par leur placement, leur enfilade, leur positionnement répétitif, créent une véritable animation à la fois physique et visuelle.
Dans un autre exemple d’art public, “la Cigale” de Saint Maximin, qui est placée à la branche nord de l’autoroute de la Côte d’Azur, le problème paraît un peu différent : il s’agit d’un insecte géant qui semble être traité au maximum de son réalisme descriptif. En fait, les volumes sont dynamisés par une structure linéaire qui les entoure les élytres filiformes, censés être animés au souffle du vent et émettre le fameux chant des cigales. Là encore, nous restons dans l’optique de la gestualité de l’écriture de l’artiste.
Cette écriture du geste libre explique l’aisance et la variété des matériaux employés par Pasquier. Dans le domaine bi dimentionnel, il a recours à la toile, au papier, au plastique, au textile, à l’émail, avec toujours cette espèce de facilité dans l’exécution et dans la sensation du message qui est certainement due à un énorme pouvoir de vitalité.
La sculpture elle aussi, fondamentalement diverse dans ses matériaux, reflète encore une fois l’idée de volumes gravés dans l’optique de l’écriture gestuelle, et là, Pasquier a recours à l’ardoise, au marbre, à la mosaïque, au laiton, au bronze, à toutes les variétés de métal.
Nous avons donc, dans son oeuvre, comme le panorama d’une démarche expressive liée à l’intensité vitale du geste physique, ce geste qui ne se codifie pas en une calligraphie, mais s’exprime de façon impulsive et expansive.
L’écriture de Pasquier est naturellement et spontanément structurelle. C’est ce qui explique combien ses formes peintes se traduisent avec une très grande intensité dans le textile ou la tapisserie. Au lieu de perdre de leur force vitale dans la transposition textile, très souvent ses images sont impliquées par la substance même du matériau et en traduisent toutes les possibilités physiques.
Je pense que l’exposition de No Pasquier à la Monnaie de Paris rend de façon précise, indiscutable, je voudrais presque dire systématique, cet élément fondamental de diversification, de diversité, de variété, de changement, dans l’activité poétique du peintre. Ce changement, cette diversité dans les supports, traduisent un grand amour de la vie.
Et dans le fond, la vie, Pasquier l’aime, l’aime comme une référence primordiale et essentielle qui motive et qui justifie l’ampleur de son élan créateur.
Le geste de Pasquier, c’est la signature de son amour de la vie.
Propos d'atelier. 1998
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Painting is made of dualities, which are both antagonistic and connivent: the light and shade, closeness and remoteness, inside and outside… Pasquier’s works are like that, with a dialogue between the sky and the water for instance, or the sea and the sand (it is the name of a tapestry made in 1994) or the leaves and the sun. In that way, the artist comes very naturally within the quattrocentist tradition: the masters had inventeda system based on the alliance/opposition between the sacred and the profane, clarity and mystery, the flesh and the spirit… He comes within it with modern means: there is no need to be an expert to recognise in his work in particular the legacy of lyrical abstraction and abstract landscaping. But Noël Pasquier never was and doubtless never will be a purely abstract painter: even the monumental compositions he excels in, and the ornamental aim of which is clearly assumed, are deep-rooted in reality: above all in that of the shores of Finistère he likes to pace ever since his childhood.
Brittany is his land of origin. His first exhibition took place in Brest in 1965. He regularly goes back there to collect the visions and the creations that nourish his creation. However, Noël Pasquier is not a regionalist painter: a land, an ocean, a culture, a people of the European far west certainly determine his inspiration, but his painting seems to attain very easily the universality of the world
of art.
The artist himself says he enjoyed and struggled drawing and having more than 200 tapestries made, of which some were displayed all over the world. He is not afraid of the monumental and the new technologies either. He painted a whole area of Suresnes (4000 sq.m) on his own, including the roof of a monumental covered street. His signature is engraved on a huge marble mural in the Tour Montparnasse, on two of the very big sculptures planted along the motorways in the French Riviera and in the new TGV train station of Rennes. “I think that the artist of today must be as excited by traditional materials than by modern technology, such as the multimedia and interactive terminals”, he says. Indeed, because it comes within universality, Noël Pasquier’s work has the power to talk to everyone. Now, it is up to us to see it and hear it.
Studio Talk 1998.
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Del pintor Nöel Pasquier se conocen las características, las características técnicas del talento, es decir el trazo y el color. Pero además, posee también la tipología afectiva, el sentimiento, el sentimentalismo, y la enorme energia vital de la emoción. Lo que confiere a su obra una diversidad fundamental, esencial, que yo llamaría vitalista. Sobre el trazo de Pasquier: elemento de la escritura, el soporte esencial, fundamental y primario de la imagen. Su trazo está emparentado a una noción básica, la de la estructura gestual.
Trazo, quizás no sea el término adecuado al hablar de Pasquier, porque en el fondo, su intervención gráfica, la modalidad misma de su escritura, lo consigue gracias a una disposición, a un estado de ánimo, totalmente diferente al de la escritura pictural clásica, del dibujante clásico.
La afirmación de la escritura, en la obra de este artista, es fenómeno de una libertad gestual y estructural. Toda su obra está determinada por esta libertad gestual ejercida en todas sus posibilidades; y esta diversidad refleja precisamente la inmensa variedad y la gama extremadamente extensa de posibilidades formales.
El gesto, en la obra de Pasquier, es el desgarro, así como el frotado, como en la serie de huellas dinámicas de alquitrán realizadas sobre una hoja de plástico, material que nos permite apreciar claramente la velocidad de la mano sobre la superfície de la hoja.
En otras obras que se revelan como más complicadas, lo que podríamos llamar lienzos más “construidos”, esta gestualidad primaria y fundamental la encontramos en la estratificación horizontal de las superfícies de colores, que se define precisamente por una yuxtaposición de horizontes diferentes en el interior de un mismo espacio pictural.
Otro elemento de esta gestualidad estructural: toda una serie de obras de Pasquier que aparecen como verdaderas diseminaciones de elementos modulares. Empleando una metáfora vernácula y algo más sencilla, si las obras de estratificación horizontal están emparentadas al gesto del albañil, se podría decir que las obras en las que hay diseminación están emparentadas al gesto sel sembrador.
La libertad gestual que es la característica del arte informal parisino o de la action painting americana de los años 50, Pasquier la proyecta en su contexto pictural y en las obras que ofrecen una superfície más construida y más cargada; esta libertad del gesto se ejerce precisamente como un fenómeno de acción, es decir en el sentido de la “des-construcción” y de la “des-estructuración” de los volúmenes.
La obra de Pasquier ilustra esta vitalidad poética del gesto pictural que es el equivalente en pintura de la escritura automática de los surrealistas en literatura.
Con esto no quiero decir que Pasquier se remita a la imaginación de los surrealistas: su imaginación es mucho más primaria y fundamental; es esencial, se remite a los elementos naturales, al mar, al cielo, al agua de la Bretaña francesa en particular, pero también a la vitalidad de la tierra, y a su potencial de acción, a las ensoñaciones de la inmensidad y a las ensoñaciones de la voluntad.
Y, sin duda, la gama cromática del artista se define a través de este panorama afectivo.
Hay dos grandes zonas de sensibilidad cromática en la obra de Pasquier: una, es el azul sentimental, el azul de la libertad en el espacio libre, el azul del mar, el azul del infinito en la luz y el otro, es evidentemente, una referencia mucho más tectónica, como son los colores de la tierra, ocres, anaranjados, negros, que representan la figuración tangible de la idea de enracinamiento del impulso vital, en la forma creada, “la forja de Vulcano” por ejemplo, o la gran metáfora de la poesía en la voluntad del acto creativo.
La escultura de Pasquier se inscribe en la lógica interior y la prolongación directa de su gestualidad pictural. Sus esculturas, que utilizan materiales muy diversos, desde la piedra al mosaico y al metal, se presentan como verdaderos volúmenes grabados, de elementos agregados y estructurados.
De hecho, las esculturas y las instalaciones de Pasquier es como si fuesen gestos, composiciones de gestos, en tres dimensiones. Y es precisamente esta importancia estructural y fundamental de la gestualidad lo que define las obras de arte público de este artista. La monumentalidad en la obra de Pasquier, tiene un origen y una esencia gestual. En la gran escultura titulada El Rey de los peces en Sanary, realizada en piedra y mosaico, la estructura misma del pez y de los elementos que intervienen se presenta como la fijación de un gesto en la progresión del pez y ésta tiene el encanto de un gigantesco santón de Provenza, figurilla de arcilla para decorar el Nacimiento, típica de esta región.
Es esta especie de interrupción del tiempo en posición dinámica lo que crea la monumentalidad interna de las obras de arte público de Pasquier y esto encaja perfectamente dentro de lo que sería la sucesión lógica de la estructura operacional de su lenguaje.
Otros ejemplos de este arte hacen, asimismo, referencia a esta misma gestualidad: es el caso de los Totems de Bagneux, conjunto de columnas cilíndricas de acero esmaltado y que, gracias a la forma en que están colocadas, en fila, por su posición repetitiva, crean un conjunto animado tanto físico y como visual.
En otro ejemplo de arte público, La Cigarra de Saint-Maximin, situado en el norte de la autopista de la Costa Azul, el problema parece algo diferente: un insecto gigante tratado con el máximo realismo descriptivo. Los volúmenes están dinamizados por una estructura lineal que los rodea: los élitros filiformes, pensados para que el viento los mueva y de esta manera imiten el sonido del conocido canto de las cigarras. También en este caso se sigue la óptica de la gestualidad de la escritura del artista.
Esta escritura del gesto explica la variedad y la perfecta adecuación de los materiales que emplea Pasquier. En cuanto al soporte bidimensional, se sirve del lienzo, el papel, el plástico, el tejido, del esmalte, siempre con esa misma facilidad de ejecución y de sensación del mensaje que es debida, sin duda, a una enorme vitalidad.
La escultura, realizada en materiales tan diversos, refleja una vez más la idea de volúmenes grabados según la óptica de la escritura gestual, para ello, Pasquier recurre a la pizarra, al mármol, al mosaico, al latón, al bronce, a todas las variedades de metal.
Su obra refleja todo el panorama de un método expresivo ligado a la intensidad vital del gesto físico, un gesto que no se codifica en una caligrafia, sino que se expresa de forma impulsiva y expansiva.
La escritura de Pasquier es natural y espontáneamente estructural. Esto explica la facilidad con que sus formas pintadas se traducen con gran intensidad al soporte textíl o la tapiz. En lugar de perder su fuerza vital al transponerlas al tejido, a menudo, estas imágenes están ya implicadas en la sustancia misma del material, traduciendo todas las posibilidades físicas del mismo.
Creo que la exposición de Nöel Pasquier en el Museo de la Moneda de París muestra de forma precisa e indiscutible, y yo diría casi sistemática, este elemento funda-
mental de diversificación, de diversidad, de variedad, de cambio, en la actividad poética del pintor. Este cambio, esta diversidad de soportes, traducen un gran amor por la vida.
Y como fondo, una vida que Pasquier ama como una referencia primordial y esencial que motiva y justifica la vastedad de su impulso creativo.
El gesto de Pasquier, es la firma de su amor a la vida.
Trazo, quizás no sea el término adecuado al hablar de Pasquier, porque en el fondo, su intervención gráfica, la modalidad misma de su escritura, lo consigue gracias a una disposición, a un estado de ánimo, totalmente diferente al de la escritura pictural clásica, del dibujante clásico.
La afirmación de la escritura, en la obra de este artista, es fenómeno de una libertad gestual y estructural. Toda su obra está determinada por esta libertad gestual ejercida en todas sus posibilidades; y esta diversidad refleja precisamente la inmensa variedad y la gama extremadamente extensa de posibilidades formales.
El gesto, en la obra de Pasquier, es el desgarro, así como el frotado, como en la serie de huellas dinámicas de alquitrán realizadas sobre una hoja de plástico, material que nos permite apreciar claramente la velocidad de la mano sobre la superfície de la hoja.
En otras obras que se revelan como más complicadas, lo que podríamos llamar lienzos más “construidos”, esta gestualidad primaria y fundamental la encontramos en la estratificación horizontal de las superfícies de colores, que se define precisamente por una yuxtaposición de horizontes diferentes en el interior de un mismo espacio pictural.
Otro elemento de esta gestualidad estructural: toda una serie de obras de Pasquier que aparecen como verdaderas diseminaciones de elementos modulares. Empleando una metáfora vernácula y algo más sencilla, si las obras de estratificación horizontal están emparentadas al gesto del albañil, se podría decir que las obras en las que hay diseminación están emparentadas al gesto sel sembrador.
La libertad gestual que es la característica del arte informal parisino o de la action painting americana de los años 50, Pasquier la proyecta en su contexto pictural y en las obras que ofrecen una superfície más construida y más cargada; esta libertad del gesto se ejerce precisamente como un fenómeno de acción, es decir en el sentido de la “des-construcción” y de la “des-estructuración” de los volúmenes.
La obra de Pasquier ilustra esta vitalidad poética del gesto pictural que es el equivalente en pintura de la escritura automática de los surrealistas en literatura.
Con esto no quiero decir que Pasquier se remita a la imaginación de los surrealistas: su imaginación es mucho más primaria y fundamental; es esencial, se remite a los elementos naturales, al mar, al cielo, al agua de la Bretaña francesa en particular, pero también a la vitalidad de la tierra, y a su potencial de acción, a las ensoñaciones de la inmensidad y a las ensoñaciones de la voluntad.
Y, sin duda, la gama cromática del artista se define a través de este panorama afectivo.
Hay dos grandes zonas de sensibilidad cromática en la obra de Pasquier: una, es el azul sentimental, el azul de la libertad en el espacio libre, el azul del mar, el azul del infinito en la luz y el otro, es evidentemente, una referencia mucho más tectónica, como son los colores de la tierra, ocres, anaranjados, negros, que representan la figuración tangible de la idea de enracinamiento del impulso vital, en la forma creada, “la forja de Vulcano” por ejemplo, o la gran metáfora de la poesía en la voluntad del acto creativo.
La escultura de Pasquier se inscribe en la lógica interior y la prolongación directa de su gestualidad pictural. Sus esculturas, que utilizan materiales muy diversos, desde la piedra al mosaico y al metal, se presentan como verdaderos volúmenes grabados, de elementos agregados y estructurados.
De hecho, las esculturas y las instalaciones de Pasquier es como si fuesen gestos, composiciones de gestos, en tres dimensiones. Y es precisamente esta importancia estructural y fundamental de la gestualidad lo que define las obras de arte público de este artista. La monumentalidad en la obra de Pasquier, tiene un origen y una esencia gestual. En la gran escultura titulada El Rey de los peces en Sanary, realizada en piedra y mosaico, la estructura misma del pez y de los elementos que intervienen se presenta como la fijación de un gesto en la progresión del pez y ésta tiene el encanto de un gigantesco santón de Provenza, figurilla de arcilla para decorar el Nacimiento, típica de esta región.
Es esta especie de interrupción del tiempo en posición dinámica lo que crea la monumentalidad interna de las obras de arte público de Pasquier y esto encaja perfectamente dentro de lo que sería la sucesión lógica de la estructura operacional de su lenguaje.
Otros ejemplos de este arte hacen, asimismo, referencia a esta misma gestualidad: es el caso de los Totems de Bagneux, conjunto de columnas cilíndricas de acero esmaltado y que, gracias a la forma en que están colocadas, en fila, por su posición repetitiva, crean un conjunto animado tanto físico y como visual.
En otro ejemplo de arte público, La Cigarra de Saint-Maximin, situado en el norte de la autopista de la Costa Azul, el problema parece algo diferente: un insecto gigante tratado con el máximo realismo descriptivo. Los volúmenes están dinamizados por una estructura lineal que los rodea: los élitros filiformes, pensados para que el viento los mueva y de esta manera imiten el sonido del conocido canto de las cigarras. También en este caso se sigue la óptica de la gestualidad de la escritura del artista.
Esta escritura del gesto explica la variedad y la perfecta adecuación de los materiales que emplea Pasquier. En cuanto al soporte bidimensional, se sirve del lienzo, el papel, el plástico, el tejido, del esmalte, siempre con esa misma facilidad de ejecución y de sensación del mensaje que es debida, sin duda, a una enorme vitalidad.
La escultura, realizada en materiales tan diversos, refleja una vez más la idea de volúmenes grabados según la óptica de la escritura gestual, para ello, Pasquier recurre a la pizarra, al mármol, al mosaico, al latón, al bronce, a todas las variedades de metal.
Su obra refleja todo el panorama de un método expresivo ligado a la intensidad vital del gesto físico, un gesto que no se codifica en una caligrafia, sino que se expresa de forma impulsiva y expansiva.
La escritura de Pasquier es natural y espontáneamente estructural. Esto explica la facilidad con que sus formas pintadas se traducen con gran intensidad al soporte textíl o la tapiz. En lugar de perder su fuerza vital al transponerlas al tejido, a menudo, estas imágenes están ya implicadas en la sustancia misma del material, traduciendo todas las posibilidades físicas del mismo.
Creo que la exposición de Nöel Pasquier en el Museo de la Moneda de París muestra de forma precisa e indiscutible, y yo diría casi sistemática, este elemento funda-
mental de diversificación, de diversidad, de variedad, de cambio, en la actividad poética del pintor. Este cambio, esta diversidad de soportes, traducen un gran amor por la vida.
Y como fondo, una vida que Pasquier ama como una referencia primordial y esencial que motiva y justifica la vastedad de su impulso creativo.
El gesto de Pasquier, es la firma de su amor a la vida.
Charla de estudio. 1998.
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