C'est avec deux conseillers en art, Frederic Elkaim (de FAME, le premier fonds de dotation pour la création française) et Claudia Victoria Olalde, que PASQUIER a travaillé et revu l'oeuvre de sa vie, dans une grande réflexion de renouveau. Il en est résulté notamment ce texte, fortement charpenté, aussi finement ciselé qu'une pierre angulaire, socle récapitulatif d'une construction commune :
"Une écologie artistique et politique.
Le propos global de Noël Pasquier se situe du côté de l’engagement humaniste, pour la vie, pour dépasser la mort. Cet engagement prend la forme d’une « écologie artistique et politique » c’est-à-dire s’interroge sur la situation poétique de l’homme au monde, à la nature, à la ville, à la misère et à la mort.
L’originalité du travail de Noël Pasquier se situe dans l’interstice d’une opposition qu’il réconcilie : « nature-culture », « écologie-urbanisme », « vie-mort » et « poésie-dénonciation ».
On pourrait parler de « l’engagement artistique pour la vie ». Ce fil conducteur permet de relier l’ensemble des projets et séries, anciennes, actuelles ou à venir. Et il va encore être expansé pour maintenir le discours de l'artiste sur une telle trajectoire.
Pasquier, le laboratoire de la vie.
Le travail de Pasquier fonctionne comme un organe vivant, une sorte de métabolisme géant qui, à travers le temps comme l’espace, gagne et insuffle le créé, le vibrant, le sensuel, le poétique donc, en tant que la poésie sauve le monde. Commandes monumentales, peintures, sculptures, installations, partout en France et bien au-delà, l’artiste a installé des formes évolutives à travers ses différentes périodes stylistiques, comme à travers les espaces urbains et écologiques qui questionnent à travers son œil la relation entre nature et culture. Et si on reconnait un fil « bleu », qui traverse toute son œuvre c’est parce qu’il en explore toute la palette comme l’on explore les différentes espèces vivantes, en quasi-entomologiste de la peinture et de la vie autonome des nuances qui évoluent de leur côté.
Pourquoi Pasquier crée-t-il depuis si longtemps, avec constance, avec sensibilité, avec foi en son rôle artistique ? C’est parce qu’il porte en lui une nécessité, celle de faire reculer la mort : mort du chaos harmonieux, de l’infini des horizons bleus dans la négation et les multiples blessures de la nature ; mort des abandonnés, des marginaux ou des simples gens écrasés par le « rationnel » de la vie urbaine ; mort une seconde fois à travers le traitement social du décès lorsque l’on se refuse de donner aux derniers restes des corps, comme si l’identité de notre passage ici n’y était pas attaché, un environnement décent permettant aux vivants de les pleurer.
L’art de Pasquier, c’est un art de combat, car il y a urgence à lutter contre sa propre mort et à travers elle, celle d’un corps social qui se gangrène, et d’un monde qui se fissure. L’art de Pasquier c’est un art humaniste car il porte avec sa fragilité et sa poétique un espoir que nous avons oublié et qu’il nous renouvelle en permanence, série après série : l’espoir de vivre et de mourir dignement. Tout simplement. Mais depuis la moindre graine jusqu’à la plus grande des fourmilières humaines, c’est tout un système qu’il enregistre en lui et qu’il nous restitue dans des œuvres qui nous invitent à dépasser l’éphémère vanité de l’existence pour rejoindre de plus vastes et profonds horizons. Bleus, de la mer au ciel.
On aura noté les différentes périodes stylistiques de l’artiste : Figurative, Géométrique, Abstraction Lyrique, Paysage abstrait, Illustration libre : c’est le Pasquier historique qui œuvre dans une perspective humaniste, écologique, poétique et s’engage pour la vie.
Les bleus sont un leitmotiv, une traversée stylistique de l’ensemble de l’œuvre, une marque de fabrique, une poétique spécifique pour exprimer l’engagement pour la vie. Mais pas le propos, le sujet, le concept.
Il ne faut pas renier, dans la pluralité du travail de Pasquier, ce qu’il appelle «les verbes irréguliers », qu’il nomme aussi « l’atelier imaginaire ». Mais il semble nécessaire, dans la phase actuelle de ne pas confondre le propos, le sujet et le style, la sensibilité avec laquelle il exprime l’idée principale de son travail : sauver la vie".